La libération de Cathar

La sortie de l'hyper espace révèle à la vue des thuliens et de leurs alliés la généreuse planète Cathar, berceau d'une faune et d'une flore aussi belle qu'impitoyable.
Darth Revan apporte quelques précisions à ses deux apprentis, sur le rôle qu'ils devront jouer.
Sihaya le prend très au sérieux, le bien-être de son peuple en dépend.
L'ex-jedi révèle au duo la nature de ses découvertes sur Malachor V.

Des installations! Quel genre d'installation? Sur quel peuple ont-elles étaient utilisées?

La jeune femme retourne ses questions dans son esprit, quand elle sent toutes ses défenses tomber.
Ce n'est pas la première fois que cet homme s'infiltrera ainsi dans sa tête. L'impératrice l'y accueil maintenant avec courtoisie. Cette invasion n'est toutefois pas habituelle. Sihaya tressaille car l'image de Thalion s'insinue malgré elle, et se mêle au tableau. Le clivage entre deux tons différents donne à l'impératrice l'impression de, finalement, trouver une cohésion en cet être qu'elle n'est jamais parvenue à cerner. Elle ressent la froideur de ce qui fût son âme, elle perçoit la folie incarnée, en contre partie, la bassesse la plus flagrante, la perversion totale et avérée.
Son estomac se noue, elle frôle le haut le coeur.
L'impératrice fait le même constat pour son maître : En toile de fond, le sadisme de Darth Revan, et singulièrement, derrière, étouffé mais conséquent plus que perceptible, un dégoût profond. Scrupules, regrets? Non. C'est plus proche de la nostalgie, la perte de soi peu la provoquer, Sihaya le sait.
Elle compatit à cet instant, mais prend garde soudain de le cacher à son maître. Elle ne sait comment faire, et c'est donc peut-être déjà trop tard, mais elle préfère ressentir plutôt que de penser.
La jeune femme prend de mieux en mieux la mesure des derniers évènements. Une intuition l'assaille. Ou serait-ce une révélation que quelqu'un lui concède.

Qu'as-tu fais sur Malachor V? Quelque chose à changé dans l'essence même de la Force.

Elle ne cherche a contacter ainsi qu'Ender, et seulement lui, elle a durant de brefs instants l'impression de le retrouver.
Mais, peut-être, Thalion peut-il entendre ou comprendre, peut-être n'est-ce que Revan qui se joue d’elle, elle ne sait. Elle se contente de laisser son instinct et son maître la guider.

Le dégoût est partagé par les trois individus qui se confondent par l'esprit.
La jeune femme ne se laisse néanmoins pas déstabilisée par les bribes de mépris mal contenues que Thalion lui renvoie. Toute son âme est tournée vers la bataille. La reine doit s'acquitter de son devoir.
Elle se retrouve entourée de milliers d'étoiles, schéma des destinées de la galaxie. Elle se met à façonner la réalité, en tendant un bras psychique, elle oeuvre en adéquation au désires de son maître. Elle n'a pas accès au résultat final, elle ne conçoit que le fait qu'elle lutte pour unifier la galaxie sous une seule bannière :
Unification signifie paix, entente... Tyrannie?
Certes, mais peut-on l'exclure? Mieux vaut une tyrannie dirigée par un sage, qu'un sénat composé de milles fous!

Alors, l'impératrice de Thule s'acquitte de son devoir, une foi de plus. Elle éteint une étoile, en ravive une autre, déplace discrètement celle-ci, pour que le tout prenne la forme escomptée.
Elle sait ceux qui meurent, ceux qui souffrent, comme elle, ils participent à l'oeuvre de Darth Revan, elle salut leur sacrifice inconscient, et poursuit.

Sihaya ressent la faim insatiable du Twi'lek.

C'était donc cela, son pouvoir!

Cette sensation provoque chez elle l'effroi, mais elle n'abandonne pas sa tâche.
Maintenant elle distingue ce qui secoue la Force, elle perçoit de nouveau les fameux remous, entre Malachor V et ce vaisseau, entre toutes les âmes qu'elle manipule, Le côté obscure déferle dans les trois calices que sont Iban Thalion, Darth Revan et Sihaya Pallatas.
Cet ami secret de toujours s'impose à eux, plus puissant que jamais.

La puissance destructrice de Thalion fait son oeuvre à merveille. La jeune impératrice de Thule a tressaillit en voyant l'amas de flammes de vies mandaloriennes fondre sur ses sujets, ceux qu'elle a juré de protéger, et dont l'issu de la bataille dépend.
Son bon coeur, plein d'illusion, coincé entre devoir, vouloir et pouvoir, tente d'abord de protéger la vie.
Mais en elle, l'immense appétit du Twi'lek se manifeste avec tant de ferveur, qu'elle cède à l'aisance d'anéantir l'ennemi : Le fait du hasard improbable est trouvé rapidement, les causes et conséquences imbriquées dans le bon ordre, et ils y parviennent, ensemble.
Un tire, un chasseur dévié dans sa lancée, plus surprenant qu'une bombe! Plus originale!

On fait avec ce qu'on a, n'est-ce pas.

Par foi la conscience distendue de Sihaya diffuse quelques remarques acerbes ou ironiques à ses deux comparses, sans pour autant risquer de perdre l'état atteint.
Sans vraiment le réaliser, elle fait preuve d'une nouvelle maîtrise de son don.
Revan tourne son regard intérieur vers d'autre noeuds à défaire, des poches de résistance à écraser, des batailles à remporter.
A chaque étape, la jeune femme s'applique, donne tout d'elle pour y parvenir.
Toutefois, la violence véhiculée par Iban Thalion grandit sans cesse, se nourrissant de tout les morts qui sont orchestrés par le groupe de jedi déchu. L'esprit de Sihaya ressent ce fait, et se voit de plus en plus effrayé par ce phénomène. Proportionnellement à ce qui s'opère dans le Twi'lek, la jeune Sith se retrouve complètement submergée par la force du Côté Obscur, elle perçoit son importance grandissante dans l'univers, elle conçoit sa part de responsabilité, et une minuscule parcelle d'elle-même, dénuée de volonté s'insurge contre ce constat.

Je ne participe pas à une guerre traditionnelle. Quelle est cette machine, elle crée de telle perturbations!
Elle amplifie le sombre aspect de la Force, le côté obscure va bientôt tout voiler!
Ender, que faisons nous exactement, était-ce nécessaire? Est-ce là ton but, ou n'est-ce qu'un moyen pour unifier la galaxie? Le côté Obscur peut-il réellement être dompté, n'est-ce pas présomptueux?

L'idée de cesser cet acte terrorisant la galaxie toute entière n'a aucun poids fasse à sa volonté, cloisonnée dans ses engagements et ses attributions de souveraine.
Pourtant l'idée la traverse, comme un frisson glaciale et récurrent.
A ces instants, sa conscience cherche à déceler celle d'Ender, afin de s'assurer qu'il ne se doute pas de sa faiblesse.
Et elle poursuit, arrachant bataille sur bataille a la Force, en obligeant l'équilibre naturel de cette dernière à pencher de son côté, le côté obscur.

Bientôt, la Toile de la Force est aussi défigurée que les grands arbres Cathars sur les quels les félidés gravent leur exploits passés. Toutes les souffrances y sont inscrites à jamais.

Un long moi emplit de victoires sur le terrain, et de défaites personnelles.
Peux d'occasions de se retrouver elle-même, ou de percer les étranges secrets du feu chevalier Wenkala.
Masques d'indifférence et d'assurance furent de mise.

L'impératrice tenta quelque foi de discuter avec certains de ses officiers, non sur le plan stratégique de la bataille entièrement orchestrée par Darth Revan, mais portée sur les émotions et les attentes de ceux-ci. Elle ne récolta que banalités et convenance, son rang limitant toute familiarité.
Créer un climat de confiance sera de longue haleine, en plus d'être relegué au superflu par les priorités politiques.

Progressivement, la planète fut reprise.
Sihaya convoqua son stratège et maitre, statut qu'elle ne parvenait pas assimiler entièrement.

Bonjour.

parée d'une robe rigide et traditionnelle, maquillée comme elle se doit de l'être, tout illustre ses intentions.
Elle souhaite faire le point en digne souveraine, comprendre la complexité de la situation et prévoir la suite de l'opération.
En elle nait la nécessité de reprendre en main son armée, et de comprendre les dessins de son ami transfiguré.
Elle hésite à lui faire part des intimes conflits qui font rage au sein de son âme.

La jeune impératrice Sith dévisage une énième foi le sombre maitre qu'est devenu Ender Wenkala.
La froideur incarnée lui fait face, elle y est à présent complètement accoutumée.

Bien, lui répond-elle sur un ton très plat voir officiel. Qu'il en soit ainsi, pour le bien de Thule, pour le salut de Cathar.

Elle se lève bien droite, et s'approche de l'encapuchonné.
Elle murmure plus qu'elle ne parle :

Un jour, tu as requis ma confiance, que je t'ai accordé.
Un jour, tu as requis mon aide, et je te l'ai juré.
Un jour, tu as déclaré que mon pouvoir était grand, et qu'il pouvait servir le mal ou le bien.
Nous devions trouver la lumière.

Ender...

Elle marque une pause, le prénom du disparut flottant dans la pièce comme le doux parfum d'une fleur.

Voir au-delà des apparences, assumer mes convictions, et pourchasser le même but.
Nous venons de liberer Cathar.
Mais à quel prix, Darth Revan? Je sens en nous trois l'ébullition du côté Obscur.

Consciente de frôler le cœur du problème, elle recule de quelque pas, et tourne les yeux vers les étoiles.

Je comprend maintenant mon rêve au palais, ainsi que ta remarque :
Le plat sacrificiel, l'ibbot brun.
Tes paroles étaient sages avant de rejoindre Malachor V, mais déjà, je pressentais un trouble, une confusion intime recoupant ce que tu avançais.
Tu m'as aidé car je cherchais la paix pour les êtres pensants, disais-tu, parce que le bien en général était ma principale priorité.

Au temple de Corruscant, le code enseigne que dans le meurtre ne réside aucune solution.
Maintenant, j'ai assimilé d'autres réalités : sinon, pourquoi aurais-je assassiné l'insolent au conseil de guerre.

Elle baisse les yeux. Sa voix est emplie de mélancolie.

Je revois encore le regard horrifié de Gallis. Son idéalisme ne lui a pas permit d'adhérer à mes décisions.
J'ai dû sacrifier le mien au profit de la survie de ceux que je sers.
Mes valeurs sont ébranlées...

Elle se tourne vers son maitre, qu'elle traite à cet instant comme tel. Un genoux au sol, la tête baissée, elle conclue.

Le serment que j'honore est celui fait dans les jardins impériaux. Je servirai le bien jusqu'au bout, et non les délires expantionnistes de tel ou tel fanatique.
Depuis notre rencontre, c'est une source de lumière que nous tentons de rallier.
Cependant, la lumière faiblit, Revan, ne nous sommes nous pas tout simplement égarés?

Mon trouble est immense, je sais agir pour Thule, pour les oppressés, mais mon cœur se durcit.
Les moyens dont nous usons entachent nos âmes.
La nuit m'harcèlent tous ceux en qui ma conscience a semé la discorde et la mort.

Ton sacrifice sera le mien.
Néanmoins, je t'en conjure aujourd'hui, oh maitre, guide moi vers la lumière.

Elle se résigne provisoirement. Il n'est pas lui même, ou il se montre sous son vrai jour. L'un comme l'autre ne peuvent être résolus aisément. Aucune alternative n'est acceptable.

Les yeux rivés au sol, elle ne s'empourpre pas. Elle reprend contenance à mesure que le maitre lui explique l'œuvre qu'ils doivent créer tout deux, et probablement l'affamé, comment et pourquoi la lumière n'est pas, quand et qui la fera naitre.

Quand le bruissement de sa cape fend l'air. Sihaya allonge son inspiration afin de camoufler sa surprise. Debout, avec un maintient parfait, elle soutient la pesée du masque.
Sa logique colle à celle de l'impératrice jusqu'à un certain point.
La faiblesse, voici ce qu'elle déteste, sa propre faiblesse, congénitale d'ailleurs, se dit-elle avec une ironie déroutante en repensant aux images diffusées chez la princesse de Sereno.

Je n'omettrais pas de te rendre l'hospitalité, Nahema. Le dédain grandissant est soufflé par le résonnement du Sombre Seigneur.
Il ne supporte pas les faibles. Elle non-plus.
Il souhaite qu'elle assassine son amie, sa jeune garde du corps echani, suivante depuis l'enfance.
Elle lui a promis sa protection.
Souvenez vous : pas de faiblesse, seulement la victoire ou la mort » la doctrine s'ancre en elle, elle résonne, une foi, deux foi...
Elle n'a aucun doute, elle ne veux plus être faible. Pour ceux qu'elle protège. Son peuple, ses amis, et quelques ennemis, maintenant, elle même? A quand?
Elle échoue sur tout les fronts.
non.

NON, s'élève simplement dans la suite en réponse aux insoutenables menaces proférées par le noir seigneur.

L'impératrice lève le menton, son visage n'est plus teinté de la lueur d'admiration suscitée par le chevalier. Elle semble froide et déterminée, de ce qu'elle montre rien ne trahit l'incontrôlable terreur qui vrille ses reins.

La voix inhumainement froide joue son rôle de phrik pour Revan, elle entoure le maitre Sith et le protège contre toute débordement émotionnel. Sihaya prend exemple.
La contagion n'épargne pas l'impératrice, endurcie à ses côté, elle doit cependant lutter pour mobiliser sa volonté et son courage. Tenir tête à cet être exceptionnel ne va pas sans risques, il l'a prévenu par deux fois, elle n'en est que trop consciente.

Revan le confirme : Gallis avait donc raison, il tuera tout les gêneurs. Sihaya a compris depuis quelques semaines l'intérêt de cette méthode, et la reconnait comme indispensable.
Mais elle ne peut se résoudre à l'appliquer à tous.
Pire encore. A présent souveraine, son éducation et son honneur lui crient de reprendre en main la bride de sa politique, et de diriger son monde selon sa propre volonté. Personne ne doit pouvoir l'évincer, même sous l'apparence du salut incarné.
Elle n'abandonne pas le tutoiement, elle l'appuie, comme l'exige son rang:

Non, mon maitre, je ne cherche pas d'échappatoire. Je te servirais loyalement, tant que tu me serviras également.

Elle assume son hérésie. La jeune femme enchaine, son ton est ferme, l'esprit fin qu'est son vis à vis peut néanmoins y déceler un tremblement lancinant, inévitable dans une telle posture.

Mais je n'assassinerais point Gallis. Il n'est pas dit qu'elle nous ait trahit, et si c'était le cas, l'emprisonnement suffirait pour cette Echani. La peine de mort n'est pas la seule issue plausible, sur Thule, plus depuis que j'y suis reine.
Avec nos pouvoirs, grâce à ta puissance, et à la vertu de nos buts, nous pourrions la rallier!
Et rallier tant d'autre sans faire couler autant de sang.
Nous nous battons pour la paix!
Ils doivent le savoir! Ils nous aideront!

Elle marque une très courte pause, trahissant malgré elle ses doutes à ce sujet, puis durcit encore sa voix :

Je suis l'impératrice du monde de Thule, héritière de la politique pacifique de la famille Pallatas, et non une simple manante placée là par erreur! Je ne me complairais pas dans cette forme de faiblesse qu'est l'éradication systématique du moindre gêneur, ni dans la mollesse de mes parents, n'usant de leurs yeux qu'à demi-clos!
La guerre justifie que nous usions de tel moyens, certes, la mort de certains était inéluctable. Je vis et dors avec.
Mais ne perdons pas de vue nos convictions profonde, Revan, sache que je ne perdrais pas les miennes, tout au moins.
Je créerais cette lumière, quel qu'en soit le prix me concernant, mais je te le répète, tu ne m'imposeras rien qui n'ai en moi un écho de sagesse.

Imperceptiblement pour le commun des mortels, Sihaya se met à disposition de la Force. Darth Revan peut sonder en elle la méfiance et le déni grandissant. Elle serait prête à l'attaquer, elle songe au meilleur moyen de s'extirper de son joug, et pourquoi pas, de sauver Ender du monstre qui l'engoultit. Pratiquer le côté Obscur veux-t-il forcément dire y succomber, aprouver les dosctrines Sith toutes aussi cloisonées que celles des jedis? Un jour il lui a assuré que non.

Tu m'as appris que l'on pouvait dompter le côté obscure. Je vais m'efforcer de faire montre de mes talents dans ce domaine. Le côté Obscur servira notre noble cause, sans nous imposer ses affres.
Ceux qui s'opposeront de façon trop virulente à mes desseins devront en effet être évincés.

La dernière affirmation est sans équivoque. Toujours bien droite, engaillardie inconsciemment par la même flamme que celle consumant l'âme de son maitre, celle du sombre aspect de la Force, son éducation alliée à son tempérament, devaient, un jour ou l'autre, mener à cette altercation.

La précision fulgurante de l'agression met un terme aux espérances et aux requêtes.
Elle s’est jurée de ne point céder son monde, à personne, à aucun prix. Elle était prête à forger toutes les alliances afin de sauver les thuliens du joug des fous, comme l’ont désiré ses parents. Mais elle a emmêlée les ficelles qu'elle tirait, sans que la représentation ne le révèle de prime abord.
Ou plutôt si, tout dans l'œuvre criait gare à l'unisson, elle n'avait toutefois guère d'autre choix que de saisir cette opportunité, une aubaine, une faction qui soutiendrait thule au sein du conflit mandalorien.
Elle s’en est remise à quelqu'un, trop jeune, trop incompétente elle-même pour relever seule le défi de sa famille entière. Ce fut là l'expression de sa propre folie, sinistre accomplissement du destin de Thule.

Etait-ce vraiment la Force qui l'avait propulsé vers le chevalier Wenkkala? Finalement elle avait effleuré son destin du bout des doigts, puis elle l'avait suivit des yeux, le plus loin possible.
Enfin la princesse approche du but fixé depuis la mort de ses parents, soit rétablir son pouvoir sur Thule. La satisfaction s'avère finalement incomplète, illusoire, et qui plus est, de très courte durée.

Elle croit flotter, mais ses pieds touchent bien le sol de la vaste cabine. Ses genoux plis et prennent d'ailleurs cette direction. Tout devient rouge. Sihaya relève la tête. Rouge comme la lame de celui qu'elle doit nommer maître, rouge, le masque.
Je meurs.
J'échoue.

L'impératrice tremble comme une feuille. Ses dents claques, juste un peu tout d'abord.
Maintenant elles castagnent brutalement, sa faible pilosité est hérissée comme jamais. Son bras gauche love sa plaie, tandis qu’elle sent perler sa sève, une goutte glisse au creux de sa trachée. La jeune politicienne lutte en s'agrippant a ce tout qui lui traverse l’esprit. Pourtant, l'obsession s'insinue en anguille furtive, elle crée de l’espace autour d'elle, puis s'installe. Etre épargnée de la sorte l’écœure, elle s’abandonne au dégoût un court instant.

La douleur fut violente, en montant accompagnée de soubresauts incontrôlés. A présent elle est lancinante, vicieuse, retombant vers le bas du corps.
L'impitoyable statue du revanchiste rigidifie sa tenue, puis soudain bascule de côté, pour disparaître. Ne laisser que le bout de bottes et le bas d'une burre poindrent au centre de la vision qui se rétrécie.
La joue droite collée au sol, ne retenant plus les infâmes gémissements de douleurs, elle tend son bras droit, ainsi que quelques doigts.
Appel au secours, ou menace ? Le lien tissé entre les deux êtres soumet l’information à leur seule discrétion.
Le paradoxe éreinte la lucidité de la jeune femme : Soutenue par son maître Sith, elle est parvenue à protéger Thule, jusqu’à présent. Ils viennent de libérer Cathar, planète martyr, littéralement châtiée par les mandies. Tout ceci constitue un joli début de carrière.
Châtier, comme elle vient de l’être, pour avoir souhaiter sauvegarder une vie, une seule, sur les milliers qu’elle a raflé ce moi-ci.

Ses yeux sont grand ouverts, sa joue toujours au sol, l'état de choque se dissipe graduellement.
Mon maître. Comment ais-je pu nourrir l’espoir qu'il… Moi.
Je dispose sans sagesse des leçons que l'on m'a inculqué il y a peu. Indigne, je perd la main, mais par Sivvi! Thule est sauve.
Ai-je vraiment cru que quelqu'un m'aiderait, et qu'il suffirait de l'assisté en retour. Il m'a aidé.
Et je refuse d'honorer nos pactes. Ingrate.
Soit.
Il veux s'approprier mon monde, mon armée! L'armée thulienne. Ai-je d'autre choix, petite inconsciente. Ton âme a juré allégeance, il ne te laissera plus partir. L'ibbot.
Je suis sa proie, rien de plus.

Rien de moins! Depuis le drame, à l'Opéra galactique, suivit des différentes personnalités qu’elle a pu croiser, la douce princesse avait réalisé qu’elle devait lâcher prise sur un bord afin de s’assurer une place flatteuse sur l’autre. C’est chose faite. Elle est au coeur du grand jeux. C'est l'art qu'elle a toujours pratiqué, jusqu'à ce qu'elle tente de sentir plus que penser, d'acouter son coeur au lieu de sa raison, depuis qu'elle recherchait la sérénité requise chez les praticiens du côté lumineux. Son erreur est d'avoir crue en quelqu'un. Un politicien ne croit en rien ni personne, mis à part en lui, et encore. Elle s'est confiée, a dévoilé ses faiblesses. Celui-là même qui les utilise avait tenté de la prévenir, à Horum, au palais impériale.
La confiance! Quelle foutaise!
Sa destinée elliptique la jette aux pieds de récentes hantises :
Je ne laisserais personne détruire ce que ma famille a construit sur Thule. JE suis l’héritière du trône ! JE décide de qui exécuter ou épargniez !
Elle tente de se redresser, en quête de dignité. Mais des flots de souvenirs la submerge, la forçant à presser les paupières bien closes.
« Car il existe déjà un Lien entre nos deux destinées, un Lien que vous avez inconsciemment forgée. Très peu d’êtres ont ce don… » le boomerang de ses émotions tisse son ouvrage. Je suis victime de moi même, comment puis-je me porter le moindre amour maintenant. Gallis.
Manackorra… Manackorra... l'appel lointain caresse déjà son âme résignée.

Alors que sa trachée est broyée par l'intengible, les bras de l'impératrice cèdent, elle retombe lourdement sur le sol, les deux mains en collier. Ses yeux se retournent assez pour qu'elle voit le masque, l'horrible fantôme la menace encore.
Thalion, hideux Twi'lek... Il avait pourtant raison.

Lui prendre sa beauté est à moitié accomplit. Sihaya n'a plus la force de s'essayer au moindre geste. Son esprit est paralysé par la terreur et par la honte. Rien en elle n'aspire à autre chose qu'à se soustraire de cette torture physique et morale. Tout les mécanismes d'autoprotection, d'amour propre et d'illusions sont embrayés sans plus attendre. Du haut de ses vingt deux années, elle s'adonne à une lutte sans mercie contre la folie pure qui la guette, tapie dans l'ombre de la Mort.

Les larmes coulent sans retenue, quand elle respire avec avarice les premières lampées d'air manquant depuis de longues secondes. L'impératrice suffoque. Les spasmes qui la secouent semblent déchirer davantage ses plaies, elle sert les dents, mais rien y fait.

Sa réalité s'effondre et, des ruines, naît une toute nouvelle sphère de vérité. Elle était prédisposée a entendre avec aisance ces enseignements, mais rencontrer les jedis lui avait apporté un espoir. Celui qu'on ne nourrit plus depuis bien longtemps sur son monde, ni même en politique. La leçon résulte de l'évidence à présent, les vieux adages Sith ne croyaient pas si bien dire.
Pas de liberté pour les faibles, pas de répit non plus.
Incapable de bouger ne serait-ce la langue, elle guide ses pensées vers l'esprit cryogénisé de Darth Revan.

Ce sera inutile mon maître, je vous servirai sans faillir. Votre humble disciple ne vous décevra plus.